DES ACTES "JAMAIS VUS AUPARAVANT": POURQUOI L'ATTAQUE MASSIVE DONT A éTé VICTIME LA SNCF EST INéDITE

Si la SNCF s'est habituée à faire face aux multiples aléas pouvant compliquer le fonctionnement du réseau ferroviaire, les actes de sabotage qui ont eu lieu dans la nuit de jeudi à vendredi sont d'une ampleur "exceptionnelle".

Interrogé ce matin sur BFMTV, Arnaud Aymé, spécialiste des transports au sein du cabinet Sia Partner, a souligné que la compagnie ferroviaire est aujourd'hui confrontée à des actes de malveillance "jamais vus auparavant".

Selon l'expert, la particularité de ces attaques réside dans le fait qu'elles ont eu lieu sur trois axes de manière simultanée, à savoir l'axe TGV Atlantique, l'axe Nord, ainsi que l'axe Est. L'acte malveillant qui concernait l'axe Sud-Est a été déjoué.

"La SNCF a des plans de secours qui sont prévus de longue date en cas d’indisponibilité de l’infrastructure, sur tel ou tel axe. Mais sur trois axes simultanément, cela devient très difficile à gérer puisqu'il faut mobiliser beaucoup d'équipes", ajoute Arnaud Aymé.

La très médiatisée "Affaire Tarnac"

Il faut remonter à l'année 2008 pour relever l'une des plus grosses affaires liées au réseau ferroviaire dans l'Hexagone: l'Affaire de Tarnac. Dans la nuit du 7 au 8 octobre 2008, la SNCF détecte des sabotages sur quatre lignes TGV situées dans l'Yonne, l'Oise et en Seine-et-Marne.

Les quatre lignes avaient été endommagées à travers l'usage d'un crochet en fer à béton accroché à un caténaire — câbles permettant l'alimentation électrique des trains. Si le risque de déraillement était faible, voire inexistant, cet acte a entraîné le blocage d'une centaine de TGV et la colère de 20.000 voyageurs.

Quelques semaines plus tard, en novembre, près de dix personnes, dont cinq situées à Tarnac en Corrèze, avaient été arrêtées et accusées d'avoir participé aux sabotages sous le potentiel leadership de Julien Coupat, un activiste anarchiste.

Projectiles, câbles incendiés

Plus récemment, le 14 mai 2018, une quinzaine de trains avaient été supprimés entre la gare Saint-Lazare et les gares normandes après qu'un câble de caténaire a été sectionné dans l'Eure.

Le 24 janvier 2023, la totalité du trafic (TGV, TER, Transilien) à destination et en provenance de la gare de l'Est à Paris a été interrompue en raison d'un "incendie volontaire" sur plusieurs câbles du réseau. Afin de contrer les difficultés, quelques trains ont pu être déroutés vers la gare du Nord. Suite à ce sabotage, l'ex-ministre des Transports, Clément Beaune, avait annoncé un plan de cinq millions d'euros pour renforcer la sécurité des infrastructures de la SNCF.

La même année, en août 2023, la ligne ferroviaire Strasbourg-Paris a connu une série d'actes malveillants. Plusieurs trains ont été cibles de jets de projectiles, endommageant ainsi les vitres et provoquant l'arrêt des trains.

Outre les sabotages et autres actes malveillants, le réseau ferroviaire fait aussi face aux aléas climatiques toujours plus fréquents. Ainsi que l'explique le spécialiste du transport ferroviaire, Arnaud Aymé, les infrastructures de la SNCF sont "très exposées" à ces risques, notamment aux incendies liés à la sécheresse.

100.000 minutes de perdues

En 2023, la SNCF a été est confrontée à une hausse significative d'attaques par rapport à l'année 2022. Selon SNCF Réseau, à l'échelle nationale, ce sont plus de 100.000 minutes qui ont été perdues en raison des vols de câbles en ligne "impactant près de 5.000 circulations ferroviaires et engendrant plus de 10 millions d'euros de préjudices".

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