DISSOLUTION : LES AGENCES DE NOTATION S’INQUIèTENT POUR LES FUTURS BUDGETS

Après la sanction de Standard & Poor’s, la France ne repassera pas sous la grille des agences de notation avant l’hiver prochain. L’exercice ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. Le gouvernement actuel avait décidé de concentrer sur le budget 2025 l’essentiel des efforts à venir pour redresser la trajectoire des finances publiques. Jusqu’à 20 milliards d’économies -absolument pas documentées- étaient évoquées. La dissolution vient geler les discussions amorcées depuis le début de l’année. Le prochain gouvernement, qui sera constitué début juillet, héritera alors d’une situation particulièrement explosive. Aura-t-il les moyens et la volonté de redresser la barre ? Les analystes en doutent.

Dans un communiqué, paru lundi, l’agence Moody’s note ainsi que l’instabilité politique «engendre un risque de crédit», alors que le gouvernement sortant avait déjà dû réviser en forte hausse ses prévisions de déficit public pour 2024 et 2025, suite au dérapage du déficit 2023 à 5,5 %. Sa petite concurrente européenne, l'agence Scope souligne également que «le résultat des élections législatives sera central pour déterminer la capacité du président Macron à tenir l’agenda budgétaire de la France». L’agence rappelle en effet, citant la Cour des comptes, que d’ici 2027 ce sont 50 milliards d’euros d’économies qui doivent être identifiés.

Charge des taux d’intérêt

Le gouvernement Attal visait en effet toujours l’objectif d'un retour à 3% du PIB en 2027. «Compte tenu de l'instabilité du paysage politique, il est tout à fait possible que ces objectifs soient abandonnés, malgré la probable pression de la Commission européenne» pour que la France soit en ligne avec les règles budgétaires de l'UE, estime Moody’s, seule des trois grandes agences à ne pas avoir dégradé récemment la note de la France.

Alors que «le fardeau de la dette française est le plus élevé parmi ses pairs notés de manière similaire, souligne l’agence, le rythme de réduction du déficit de la France sera plus lent que celui de la plupart de ses pairs européens». Elle estime que la dette publique «augmentera lentement de 110,6% du PIB en 2023 à près de 115% du PIB d'ici 2027», alors que gouvernement prévoit une quasi-stabilité d'ici à 2027. Une telle évolution se paierait en termes de charge des taux d’intérêt. Ils sont déjà attendus, dans le cas très optimiste où la trajectoire présentée par le gouvernement se réalisait , à plus de 70 milliards d’euros en 2027.

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